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Allégorie de la Caverne de Platon

25/10/18
1 commentaire
Allégorie de la Caverne de Platon
De l’ombre à la lumière
Dans la célèbre allégorie de la caverne, qui résume toute sa philosophie, Platon utilise le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du chercheur de Vérité, du philosophe, qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière, et, enfin contempler le Soleil.

Un joyau lumineux
Je parle souvent de cette allégorie lors des accompagnements en cabinet ou des formations, tant elle est riche de sens. Un joyau lumineux situé dans le septième livre de La République, qui condense cette grande œuvre, et permet à celui qui n’a pas le goût de lire le livre entier d’en synthétiser la substantifique moelle, pour aller à l’Essence-Ciel. Puis, peut-être, dans un deuxième temps, de ressentir l’envie de découvrir ou redécouvrir l’ouvrage...

Un dialogue riche en détails
Platon y parle par la bouche de Socrate, dont il fut le disciple. Et dans ses descriptions, son « image-récit », Socrate donne des détails, mais laisse aussi beaucoup à supposer, ce qui permet de multiples interprétations de cette allégorie. Il existe aussi plusieurs traductions, puisque Platon était un philosophe grec.

Le chemin de l’évolution
Quelles que soient les interprétations, cette allégorie nous invite à briser notre prison mentale pour passer de l’illusion du monde sensible (jugements, fausses croyances, idées prêtes-à-porter, préjugés, etc…), à la « Co-Naissance » intelligible des choses. Elle nous parle aussi des difficultés que nous pouvons rencontrer pour sortir de notre zone de confort, nous libérer des chaînes qui nous attachent à nos illusions, afin de voir derrière les « appât-rances » pour vivre mieux.
 
Résumé de l'Allégorie de la Caverne
 
allégorie de la caverne de Platon : de l`ombre à la lumière
Image partagée sur le site de l'Association Inform'Action

Extraits et découpage de l’Allégorie de la Caverne
Un dialogue au cours duquel sous la plume de Platon, Socrate s’adresse à Glaucon, l’un de ses disciples. On y retrouve deux des méthodes favorites de Socrate qui était de poser un tas de questions, et de chercher à découvrir la vérité au travers du dialogue. J’ai choisi de découper les extraits qui suivent en 4 parties, c’est déjà une interprétation.

L’Allégorie de la Caverne de Platon
  • Le monde de la caverne : les ombres de la réalité (514a-515c)
« Maintenant repris-je, représente-toi de la façon que voici notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, dont l'entrée ouverte à la lumière, s'étend sur toute la longueur de la façade ; ils sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou pris dans des chaînes, en sorte qu'ils ne peuvent bouger de place, ni voir ailleurs que devant eux ; car les liens les empêchent de tourner la tête ; la lumière d'un feu allumé au loin sur une hauteur brille derrière eux ; entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée ; le long de cette route figure-toi un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent entre eux et le public et au-dessus desquelles ils font voir leurs prestiges. [...]
Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des ustensiles de toute sorte, qui dépassent la hauteur du mur, et des figures d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, de toutes sortes de formes ; et naturellement parmi ces porteurs qui défilent, les uns parlent, les autres ne disent rien.

Voilà, dit-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.

Ils nous ressemblent, répondis-je. Et d'abord penses-tu que dans cette situation ils aient vu d'eux-mêmes et de leurs voisins autre chose que les ombres projetées par le feu sur la partie de la caverne qui leur fait face ? 

Peut-il en être autrement, dit-il, s'ils sont contraints toute leur vie de rester la tête immobile ?

Et des objets qui défilent, n'en est-il pas de même ?

Sans contredit.

Dès lors, s'ils pouvaient s'entretenir entre eux, ne penses-tu pas qu'ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes, en nommant les ombres qu'ils verraient ?

Nécessairement.

Et s'il y avait aussi un écho qui renvoyât les sons du fond de la prison, toutes les fois qu'un des passants viendrait à parler, crois-tu qu'ils ne prendraient pas sa voix pour celle de l'ombre qui défilerait ?

Si, par Zeus, dit-il.

Il est indubitable, repris-je, qu'aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres des objets confectionnés.

C'est de toute nécessité, dit-il. »
 
  • L’arrachement libérateur hors de cette caverne : la découverte de la vérité (515c-e)
« Examine maintenant comment ils réagiraient, si on les délivrait de leurs chaînes et qu'on les guérît de leur ignorance, et si les choses se passaient naturellement comme il suit. Qu'on détache un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser soudain, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière, tous ces mouvements le feront souffrir, et l'éblouissement l'empêchera de regarder les objets dont il voyait les ombres tout à l'heure. Je te demande ce qu'il pourra répondre, si on lui disait que tout à l'heure il ne voyait que des riens sans consistance, mais que maintenant plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ; si enfin, lui faisant voir chacun des objets qui défilent devant lui, on l'oblige à force de questions à dire ce que c'est ? Ne crois-tu pas qu'il sera embarrassé et que les objets qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus véritables que ceux qu'on lui montre à présent ?

Beaucoup plus véritables, dit-il.
 
  • L’ascension vers la lumière (515 e – 516 c)
"Et si on le forçait à regarder la lumière même, ne crois-tu pas que les yeux lui feraient mal et qu'il se déroberait et retournerait aux choses qu'il peut regarder, et qu'il les croirait réellement plus distinctes que celles qu'on lui montre ?

Je le crois, fit-il.

Et si, repris-je, on le tirait de là par force, qu'on lui fît gravir la montée rude et escarpée, et qu'on ne le lâchât pas avant de l'avoir traîné dehors à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu'il souffrirait et se révolterait d'être ainsi traîné, et qu'une fois arrivé à la lumière, il aurait les yeux éblouis de son éclat, et ne pourrait voir aucun des objets que nous appelons à présent véritables ?

Il ne le pourrait pas, dit-il, du moins tout d'abord.

Il devrait en effet, repris-je, s'y habituer, s'il voulait voir le monde supérieur. Tout d'abord ce qu'il regarderait le plus facilement, ce sont les ombres, puis les images des hommes et des autres objets reflétés dans les eaux, puis les objets eux-mêmes ; puis élevant ses regards vers la lumière des astres et de la lune, il contemplerait pendant la nuit les constellations et le firmament lui-même plus facilement qu'il ne ferait pendant le jour le soleil et l'éclat du soleil. [...]

A la fin, je pense, ce serait le soleil, non dans les eaux, ni ses images reflétées sur quelque autre point, mais le soleil lui-même dans son propre séjour qu'il pourrait regarder et contempler tel qu'il est. [...]

Après cela il en viendrait à conclure au sujet du soleil, que c'est lui qui produit les saisons et les années, qu'il gouverne tout dans le monde visible et qu'il est en quelque manière la cause de toutes ces choses que lui et ses compagnons voyaient dans la caverne. [...]

Si ensuite il venait à penser à sa première demeure et à la science qu'on y possède, et aux compagnons de sa captivité, ne crois-tu pas qu'il se féliciterait du changement et qu'il les prendrait en pitié ?

Certes si. [...] »
 
  • Le retour dans la caverne : la transmission (516 e – 517a)
« [...] Si notre homme redescendait et reprenait son ancienne place, n'aurait-il pas les yeux offusqués par les ténèbres en venant brusquement du soleil ?

Assurément si, dit-il.

Et s'il lui fallait de nouveau juger de ces ombres et concourir avec les prisonniers qui n'ont jamais quitté leurs chaînes, pendant que sa vue est encore confuse et avant que ses yeux se soient remis et accoutumés à l'obscurité, ce qui demanderait un temps assez long, n'apprêterait-il pas à rire et ne diraient-ils pas de lui que, pour être monté là-haut, il en est revenu les yeux gâtés, que ce n'est même pas la peine de tenter l'ascension ? Et si quelqu'un essayait de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils pussent le tenir en leurs mains et le tuer, ne le tueraient-ils pas ?

Ils le tueraient certainement, dit-il. »

Selon une Traduction d'Emile Chambry - Les Belles Lettres 1956
 
sortir de la caverne
 
Une allégorie intemporelle
Aujourd’hui la caverne a changé d’allure, elle est tapissée de contenus multimédias. Des « montreurs de marionnettes » colonisent notre imaginaire et captent notre attention, par un flot incessant d’images qui défilent sur les murs de cette grotte numérique.

Vingt-cinq siècles se sont écoulés, mais le chemin d’éveil suggéré par Platon est toujours d’actualité pour nous inciter à lever les yeux vers la lumière du Soleil et continuer à chercher la Vérité au-delà des ombres projetées sur les écrans (télévision, ordinateur, portables, tablettes, jeux vidéo, internet, réseaux sociaux, etc…).

Hypnotisés par la perfection du virtuel, notre effort consiste à déciller notre regard pour ne pas nous laisser séduire par ceux qui peuvent entretenir les illusions. Il s’agit de voir autrement et de continuer à s’auto-questionner pour sortir des chaînes de l’ignorance et nous élever hors de la caverne.

Pour en savoir plus
  • L'intégralité du Livre VII de La République de Platon sur Wikisource.org, où vous pourrez lire l'oeuvre entière si le coeur vous en dit.
  • L'Allégorie de la Caverne réécrite par le philosophe Alain Badiou qui dans son livre La République paru en 2012, déplace le texte dans un contexte contemporain.
  • Le livre Et si Platon revenait..., de Roger-Pol Droit, dans lequel Platon observe nos smartphones, rencontre Bob Dylan, écoute Emmanuel Macron et se rend à la COP 21, à Pôle Emploi. Entre autres.
Quelques citations
  • "La liberté commence où l'ignorance finit." -Victor Hugo.
  • "Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur repose sur la vérité." - Chamfort.
  • "Si l'on interroge les hommes en posant bien les questions, ils découvrent d'eux-mêmes la vérité sur toute chose." - Platon.
  • "Aussi longtemps que la matrice existera, l'humanité ne sera jamais libre." - Morpheus dans Matrix.
  • "Ne te laisse pas séduire par les frères des ténèbres qui te montrent la clarté obscure. La lumière réfléchie n’est pas la lumière solaire. Ne te laisse pas séduire par la lumière artificielle qu’on veut projeter vers toi pour te donner l’illusion que tu existes." - Tables d’Émeraude - Tablette VII - Thoth, Hermès Trismégiste.
     
 
 
sortir de la caverne vivre les yeux ouverts

 

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Commentaires :

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  • Jean-Loïc dit :
    27/10/2018 à 8h 06min

    Voici une mise en Lumière qui met le projecteur sur les aspects flous de, ce que nous croyons être, la réalité. de l'idée fausse que nous nous faisons du Monde. Nous pensons avoir la liberté illimitée de l'imagination pour appréhender la vérité. En fait, on nous canalise tels des moutons, vers une certitude pré-fabriquées, on nous suggère, une réalité qui ne nous appartient pas. On ne nous laisse que l'illusion de maitriser la vérité. Merci Patricia et Bravo. Eveilleuse de conscience, Illumineuse de Pensée. Une nouvelle vision de notre vie, plus large, plus vraie, plus juste et plus BELLE .....

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