Des étiquettes qui collent à la peauÉprise de liberté, je refuse les étiquettes. Cette tendance humaine à vouloir calibrer et qualifier le vivant, à vouloir absolument le faire entrer dans une boîte fermée par un épais couvercle, pour l’archiver avec une étiquette ultra adhésive, me semble si contraire au mouvement de la vie, que cela m’est insupportable. Avez-vous remarqué comme certaines étiquettes peuvent coller à la peau et entraver notre liberté ?
L’âme-agit des motsPourtant, un mot peut aussi ouvrir une porte intérieure sur le chemin du connais-toi ‘toi-m’aime’. C’est ce qui m’est arrivé il y a une quinzaine d’années, lorsque j’ai redécouvert le mot HYPERSENSIBILITÉ au travers des travaux de Elaine N. Aron sur la haute sensibilité.
Le manège infernal des émotionsPlus jeune, vivre en permanence à fleur de peau me semblait si épuisant que comme un crabe, je m’étais construit une carapace extérieure. Dans un monde qui me paraissait dur, peuplé de gens dont je ressentais intensément les énergies et les souffrances que j’avais l’impression d’absorber, je cherchais à me mettre à l’abri des émotions. Au point d’apparaitre parfois froide et indifférente aux yeux de certains.
Mais à l’intérieur, j’avais cette sensation permanente de vivre sur un manège infernal, un Grand Huit émotionnel où les émotions alternaient avec une rapidité fulgurante et une puissance envahissante qui me submergeaient.
Yo-yo entre le 36ème sous-sol et le 7ème cielCertains de mes sens sont exacerbés au point de ne pas supporter les tissus de certains vêtements, d’être dérangée par des odeurs que personne ne capte, d’entendre des voix que personne n’entend. Enfant et adolescente, j’ai souvent cru devenir folle car je ne trouvais aucune explication rationnelle au fait de percevoir des choses que personne ne percevait dans mon entourage. Je me sentais comme une extra-terrestre qui souffre chaque matin de devoir enfiler son sac d’os et de peau, voire anormale à un âge où le besoin d’appartenance est fort, et que je n’étais pas émotionnellement outillée, ni soutenue pour vivre ce tourbillon émotionnel et sensitif au mieux.
Jeune adulte, cette ultrasensibilité m’a permis de vivre des moments de bonheur intense mais aussi des 36ème dessous d’une noirceur désespérante ; plus tard d’être attentive aux ressentis de mes enfants mais de ressentir leurs douleurs dans ma chair et d’accroître l’anxiété maternelle…
Elle a aiguisé mon empathie au point de déclencher une intolérance extrême à l’injustice et à la souffrance des êtres vivants. C’est donc grâce à elle que j’ai cherché des solutions et prêté attention à toutes les synchronicités rencontrées en chemin pour apprendre à m’accepter avec, à l’apprivoiser pour vivre plus sereinement et à l’utiliser pour accompagner les autres.